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Avion de combat, quel choix pour Manille ?

Les Philippines sont toujours à la recherche d’un nouvel avion de combat qui doit répondre aux exigences en matière de chasseurs multirôles (MRF) dans le cadre du programme ambitieux Horizon 2. Une décision était attendue l’année dernière déjà, mais des difficultés budgétaires ont retardé la décision. Deux avions ont été présélectionnés pour un choix final, il s’agit Lockheed Martin F-16 et le Saab JAS-39 Gripen.

Rappel

Les Philippines prévoient d'acheter 12 à 24 avions de combat supplémentaire, en plus des 12 avions de combat FA-50 qu'elles avaient commandés à la Corée du Sud en 2014.

Les offres

La bataille entre les deux concurrents fait rage tant du point de vue technique que politique. Les deux avionneurs aidés de leur Ambassadeur respectif ont mené depuis plusieurs mois un lobbying particulièrement intense sur plusieurs niveaux. L’offre américaine, d’une valeur de 2,43 milliards de dollars, comprend 12 Lockheed Martin F-16 Block 70/72 « Viper ». Du côté suédois 14 avions de combat Saab J-39 C/D MS20 Gripen sont offerts. Si une différence technologique apparaît avec une offre suédoise moins sophistiquée (le nouveau Gripen E n’étant pas proposé), cette dernière respecte en revanche le budget de Manille avec deux appareils supplémentaires.

Devant les difficultés budgétaires de Manille, deux offres complémentaires avec des appareils d’occasions ont été proposées : Washington propose dans ce cas des Lockheed Martin F-16 Block 50/52 d'occasion. Le problème, cependant, est qu’il faudrait en parallèle supporter le coût de la mise à niveau de l'avion vers la dernière norme Block 70/72. De son côté, Stockholm propose comme seconde offre des avions d'occasion soit 12 avions inachevés, qui n'étaient pas requis par l'armée de l'air suédoise et sont donc des avions flambant neufs. Ceux-ci pourraient être mis à niveau vers un standard « C+ » qui comprendrait des insertions technologiques du dernier modèle du Gripen « E ».

La réflexion

Si, le plan de financement est la principale difficulté pour Manille, l’option d’un avion d’occasion pose également quelques problèmes. Initialement moins cher, les mises à niveaux technologiques peuvent s’avérer coûteuses. De plus, si la cellule n’est pas neuve, il faudra compter sur des révisions dont les coûts peuvent très vite prendre l’ascenseur pour garantir la durabilité et la sécurité et des heures de vol. Dans la décision finale, il faut prendre en compte les réelles capacités évolutives de chaque type d’appareil. A plus forte raison, qu’un avion ancien et lui également plus restreint dans son évolution qu’un modèle neuf. Reprendre de vieilles cellules et les moderniser avec une avionique et des systèmes plus modernes a ses limites. Ces limites sont liées aux contraintes de conception d’origine et aux exigences de refroidissement et électriques de l’avionique, des radars et des systèmes de guerre électronique et de soutien modernes.

Le second élément concerne le délai de livraison. En fonction des perceptions de la menace et des réflexions sur l’évolution future de la sécurité régionale, Manille doit se demander si elle doit déployer la nouvelle capacité le plus tôt possible ou si elle peut se permettre d’attendre. Sur cette question, les deux avionneurs n’offrent pas les mêmes délais de livraison. Saab est en position de force avec un calendrier moins tendu et peut livrer un premier lot d’avions en moins de 12 mois, tandis que Lockheed Martin ne pourrait satisfaire à ce type d’exigences aux vues des demandes de F-16 neufs ou d’occasions.

Menace chinoise

Cette future acquisition est notamment motivée par les tensions entre Manille et Pékin. L’inquiétude mondiale concernant les activités navales de la Chine augmente à mesure que le pays développe et modernise son armée et fait preuve d’une agressivité croissante dans ses revendications sur la mer de Chine méridionale et Taiwan. La revendication de souveraineté de la Chine sur environ 90 % de la mer de Chine méridionale a été jugée par La Haye en 2016 sans fondement juridique, mais Pékin continue d’ignorer cette décision et a renforcé sa présence dans la région, notamment par l’intermédiaire de ses garde-côtes. Plusieurs incidents ont eu lieu avec la marine des Philippines. Les garde-côtes chinois défient ainsi régulièrement les navires philippins en mer de Chine méridionale dans le but d’étendre le contrôle chinois en mer de Chine méridionale.

Photos : 1 F-16 / Gripen 2 Gripen C/D@ Czech Air Force 3 F-16 C/D @ Hellenic Air Force


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