L’avionneur américain se trouve dans une situation difficile, par suite des nombreux déboires techniques et suite à la grève qui a accentué les difficultés financières. L’avionneur se retrouve face à de nombreux défis.
Assemblage B737 MAX @ Boeing
Cinq ans de pertes
L’avionneur Boeing a connu plus de cinq ans de graves problèmes. Tout a débuté avec les deux accidents mortels du tout nouveau B737 MAX, en 2018 et 2019, qui ont entraîné une immobilisation du modèle durant 20 mois. Puis s’en est suivie la pandémie de COVID qui n’a rien arrangé en provoquant un quasi-arrêt du transport aérien et forcé les compagnies aériennes à réduire leurs commandes de nouveaux avions. Tout aurait pu redémarrer correctement, mais Boeing s’est retrouvé face à des problèmes graves de finition avec notamment des portes de B737 Max dont les fixations n’étaient pas correctement exécutées. On ajoutera que le secteur des activités spatiales et de défenses se trouve déficitaire : le premier vol habité du vaisseau spatial « Starliner » a laissé les deux astronautes bloqués à bord de la Station spatiale internationale pendant des mois, au lieu de faire la courte visite qu'ils étaient censés effectuer. Ajouter-y la fin de production du « Super Hornet » et les difficultés rencontrées sur le programme du ravitailleur KC-46A.
La grève qui n’arrange rien
La grève, qui a interrompu la majeure partie de la production d'avions commerciaux, coûte à Boeing environ un milliard de dollars par mois. Boeing perçoit la majeure partie de l'argent de la vente d'un avion au moment de sa livraison. Malgré les conditions financières désastreuses, Boeing avait offert une compensation salariale. Les membres de la base du syndicat ont rejeté cette offre à la quasi-unanimité et ont voté pour une grève à partir du 13 septembre dernier. Boeing a ensuite augmenté son offre de salaires de 30%. Mais les dirigeants du syndicat ont déclaré que cela n'était pas suffisant. Le syndicat soutient que l'entreprise peut se permettre ses revendications salariales, malgré ses pertes, en soulignant que les salaires de ses membres ne représentent qu'une petite fraction du coût global d'un avion. Il impute les années de pertes à la mauvaise gestion de l'entreprise.
Les pourparlers entre les deux parties sous médiation fédérale n’ont pas abouti, Boeing a annoncé jeudi soir avoir déposé une plainte auprès du National Labor Relations Board avant l'annonce des licenciements, affirmant que le syndicat ne négocie pas de bonne foi, une accusation que le syndicat a niée après l'annonce des plans de suppressions d'emplois.
Mais les salaires ne sont pas le seul problème. Les membres du syndicat sont toujours en colère parce que Boeing leur a demandé d'abandonner leurs régimes de retraite traditionnels il y a dix ans, lorsque l'entreprise se portait bien financièrement.
Organiser la survie
Malgré tous ses problèmes, Boeing ne risque pas de disparaître. L'entreprise n'a qu'un seul concurrent qui fournit également des avions de ligne de grande taille à l'industrie aéronautique mondiale : Airbus. Cependant, Airbus n'a pas la capacité de gérer les commandes de Boeing. En effet, Boeing et Airbus ont tous deux des carnets de commandes pour leurs avions qui s'étendent sur plusieurs années. Si les compagnies aériennes clientes de Boeing annulent leur commande, elles devront attendre cinq ans pour recevoir un avion comparable d'Airbus.
Mais attention, cette dualité entre Airbus & Boeing risque de ne pas durer avec l’avènement de l’avionneur chinois COMAC. Si ce dernier est encore loin de pouvoir jouer à jeu égal avec le duopole, sa montée en puissance s’accélère et sera dans un avenir assez proche une véritable menace. Boeing doit donc profiter de ce laps de temps pour se réorganiser et retrouver sa superbe.
Le plan : concentration des ressources
B777X @ Boeing
En fin de semaine, Kelly Ortberg, qui a pris ses fonctions de PDG du constructeur aéronautique, a annoncé une réduction du personnel de l’ordre de 10 %. Ces réductions concerneront les cadres, les gestionnaires et les employés. De plus, une réorganisation des secteurs de production sera mise en œuvre avec les décisions suivantes :
Concernant le programme B777X, les défis auxquels Boeing a été confronté poussent ce dernier à une pause des essais en vol et à l'arrêt de travail en cours, ce qui retardera le calendrier du programme. Les premières livraisons auront lieu en 2026.
Boeing prévoit de construire et de livrer les B767 Freighters restants commandés par les clients, puis de terminer la production du programme commercial en 2027.
La production du ravitailleur KC-46A se poursuivra.
Selon le directeur, "rétablir le groupe requiert des décisions difficiles et nous devons effectuer des changements structurels pour nous assurer que nous restons compétitifs et que nous servons nos clients sur le long terme".
L'entreprise prend également des mesures pour conserver les talents issus de la diversité. Si le développement et l’engagement des employés sont extrêmement importants pour l’entreprise, Boeing est également conscient de la nécessité de rester en tête dans un secteur en pleine évolution. Pour ce faire, il faut relancer l’innovation et mettre cette dernière au cœur de l’entreprise. Pour ce faire, des progrès doivent être réalisés en ce qui concerne la construction d'une stratégie de recrutement qui fonctionne dans l'ensemble de Boeing.
En paralèlle, la culture d'entreprise sera accentuée suite à l'audit effectuée après les défauts d'assemblage qui ont été découverts.
Комментарии