Ankara envisage d'acheter 40 avions de combat de type Eurofighter « Typhoon » selon son ministre de la Défense nationale, Yasar Guler. Après la suspension de Washington de la vente de Lockheed Martin F-35 à la Turquie, le pays cherche un substitut.
Le point de situation
Ankara est engagé sur plusieurs options, l’achat aux Etats-Unis de 40 F-16 Block 70 « Viper » dont Washington n’a toujours pas donné son feu vert, suite à l’exigences de sénateurs qui demandent à ce que la Turquie s’engage à ne pas utiliser les avions dans l’espace aérien grec. Cette dernière ayant répondu qu’elle ne pouvait pas accepter une telle demande. Sans oublier la question Kurdes.
La seconde option concerne à plus long terme le développement de son avion de 5ème génération le TAI TF-X (avianews 1 mai 23). En attendant, Ankara doit impérativement combler le départ à la retraite des vieux McDonnell F-4 « Phantom II » ainsi qu’un premier lot de F-16, les plus anciens.
Berlin aura le dernier mot
Si Londres et Madrid ne semblent pas trop gênés d’une vente potentielle d’Eurofighter à la Turquie, Berlin ne semble de son point de vue pas très optimiste. Deux raisons motivent l’Allemagne à un refus. Le premier concerne la résistance persistante de la Turquie à ratifier l’adhésion de la Suède à l’OTAN. En effet, Ankara est particulièrement mécontente de ce qu’elle prétend être la position de sympathie de la Suède à l’égard des militants kurdes. Un second facteur concerne les propos d’Erdogan à la foi antisémites et anti-Occident récemment prononcés. En ce moment le premier Ministre truc se trouve en visite à Berlin ou il vient de prononcer un discours « très anti-israéliens » qui a été très mal reçu. Il est donc peu probable que le chancelier Olaf Scholz se laisse influencer en faveur d’une vente. Ajoutons que l’Allemagne a une politique d’exportation d’armes particulièrement stricte, le climat politique actuel donne à Berlin des raisons supplémentaires de ne pas transférer d’armes vers la Turquie.
On le voit rien n'est simple pour Ankara, qui ne pourra pas se tourner vers la Suède pour des Gripen et encore moins la France. Paris ne pourrait tout simplement pas se permettre une vente sans se mettre Athènes à dos et compromettre le contrat Rafale.
Des Eurofighter d’occasions
Ce qui détonne dans la demande d’Ankara, vient du fait que la demande concerne des avions d’occasions. En effet, le demande concerne l’achat en deux lot 20 Eurofighter au standard Tranche 1, soit la plus ancienne version et la plus difficile à moderniser. Une « occasion » pour l’Espagne et l’Angleterre qui cherchent désespérément à se débarrasser de cette encombrante version, dont personne ne veut. On peut imaginer que la Turquie désire une mise à jour avant le transfert des appareils avec un équipement plus moderne tel que le radar et l’apport de missile ayant des capacités au-delà de la portée visuelle et des munitions air-sol avancées.
Photo : Eurofighter T1(GR.1) Britannique@ RAF
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