Si la demande passagers vit une nouvelle embellie, il n’en va pas de même pour le fret. Depuis novembre 2022 la demande se contracte au niveau international. Le marché est sous tension à cause
d’une inflation galopante et des tensions répercutées par la guerre en Ukraine. Pour autant la contraction semble fléchir.
Les chiffres pour juin
L’IATA vient de publier ses chiffres, la demande mondiale, mesurée en tonnes-kilomètres de fret (CTK), a baissé de 3,4 % en juin par rapport à juin 2022 (-3,7 % pour les opérations internationales). Sur le semestre, la demande recule de 8,1% par rapport à la période janvier-juin 2022 (-8,7% pour les opérations internationales). Cependant, la demande en juin n'était que de 2,4 % inférieure aux niveaux de juin 2019 (avant la pandémie).
La capacité, mesurée par les tonnes-kilomètres de fret disponibles (ACTK), a augmenté de 9,7 % par rapport à juin 2022, soit un rythme plus lent par rapport à la croissance à deux chiffres enregistrée entre mars et mai. Cela reflète les ajustements stratégiques de capacité que les compagnies aériennes effectuent dans un environnement de demande affaiblie. La capacité du premier semestre 2023 a augmenté de 9,9 % par rapport à il y a un an. La capacité est maintenant supérieure de 3,7 % aux niveaux de juin 2019 (avant la pandémie).
Les principaux facteurs influençant la demande de fret aérien
Le commerce transfrontalier mondial a diminué de 2,4 % d'une année sur l'autre en mai, reflétant le ralentissement de la demande et les conditions macroéconomiques difficiles. L'écart entre les taux de croissance annuels du fret aérien et du commerce mondial de marchandises s'est rétréci à -2,6 points de pourcentage en mai, ce qui représente le plus petit écart depuis janvier 2022. Cependant, l'écart suggère toujours que le fret aérien continue de souffrir plus que le fret conteneurisé du ralentissement du commerce mondial.
En juin, l'indice des directeurs d'achat ou PMI de la production manufacturière (49,2) et le PMI des nouvelles commandes à l'exportation (47,1) étaient inférieurs au seuil critique représenté par la barre des 50, indiquant une baisse de la production et des exportations manufacturières mondiales.
Selon l’économiste en chef de l’OMC, Robert Koopman, la situation internationale était déjà difficile avant l’émergence de la guerre en Ukraine. Nous pouvons notamment citer :
L’expansion du variant Omicron perturbant les échanges commerciaux
Le retour de l’inflation réduisant le pouvoir d’achat
Des politiques budgétaires restrictives
L’augmentation des taux d’intérêt
L’impact de tous ces évènements s’observe déjà sur la croissance du PIB mondial qui après avoir augmenté de 5,7% en 2021 qui ne s’est accru que de 2,8% en 2022. De son côté, le volume de commerce de marchandises n’a augmenté que de 3% alors qu’une croissance de 4,7% était attendue avant la guerre en Ukraine. De plus, ces chiffres pourraient être revus à la baisse selon l’évolution de la situation. La prolongation en 2023 du conflit ukrainien freine le commerce mondial. Pour autant une certaine résilience est de mise depuis ce printemps et une limitation de la contraction semble se mettre en marche.
Performance régionale de juin
Les compagnies aériennes d'Asie-Pacifique ont vu leurs volumes de fret aérien diminuer de 3,6 % en juin 2023 par rapport au même mois en 2022. Il s'agit également d'une baisse par rapport à mai (-2,5 %), principalement en raison de la faiblesse de la demande sur les marchés intra-asiatiques, bien que la voie commerciale Asie-Amérique du Nord a connu une amélioration de ses performances. La capacité disponible dans la région a augmenté de 24,4 % par rapport à juin 2022. Au premier semestre 2023, la demande de fret a diminué de 6,5 % par rapport à la même période de l'année précédente, contre une augmentation de 27,0 % de la capacité.
Les transporteurs nord-américains ont enregistré une baisse de 6,5 % du volume total de fret en juin 2023 par rapport au même mois en 2022, marquant le quatrième mois consécutif au cours duquel la région a enregistré la performance la plus faible. Il s'agit toutefois d'une amélioration par rapport à mai (-8,6 %). Les CTK Europe-Amérique du Nord n'ont reculé que de 2,7 % en juin, après trois mois de contractions à deux chiffres. La capacité a augmenté de 0,7 % par rapport à juin 2022. Pour le premier semestre 2023, la demande de fret a diminué de 10,5 % par rapport au premier semestre 2022, tandis que la capacité a baissé de 0,7 %.
Les transporteurs européens ont connu une baisse de 2,8 % des volumes de fret en juin 2023, par rapport au même mois en 2022. Il s'agit d'une amélioration des performances par rapport à mai (-6,6 %), en partie en raison des performances Europe-Amérique du Nord susmentionnées. La capacité a augmenté de 4,4 % par rapport à juin 2022. La demande de fret a diminué de 10,2 % pour les six premiers mois de 2023 par rapport à l'année dernière, la capacité semestrielle ayant augmenté de 2,5 %.
Les transporteurs du Moyen-Orient ont enregistré une augmentation de 0,5 % des volumes de fret en juin 2023 par rapport à il y a un an. Il s'agit d'un fort revirement par rapport à la baisse de 2,9 % d'une année à l'autre enregistrée en mai. La capacité a augmenté de 11,1 % pour le mois. Les zones de liaison Moyen-Orient-Asie et Moyen-Orient-Europe ont connu une croissance annuelle. Pour le premier semestre de l'année, la demande de fret a diminué de 5,6 % par rapport à il y a un an, avec une augmentation de 11,2 % de la capacité.
Les transporteurs latino-américains ont enregistré les meilleures performances en juin 2023, avec une augmentation de 7,3 % des volumes de fret par rapport à juin 2022. Il s'agit d'une amélioration par rapport à mai (+3,8 %). La capacité en juin a augmenté de 15,4 % par rapport au même mois en 2022. Pour le premier semestre 2023, la demande de fret a augmenté de 0,9 % par rapport à il y a un an, tandis que la capacité a augmenté de 18,0 %.
Les compagnies aériennes africaines ont affiché une baisse de la demande de 2,8 % par rapport à juin 2022. Il s'agit d'une performance en baisse par rapport au mois précédent (-1,9 %). La capacité en juin était en baisse de 3,7 % par rapport au même mois en 2022. Pour le premier semestre de l'année, la demande de fret a ralenti de 4,4 % tandis que la capacité a augmenté de 1,6 %. (Sources : IATA, OMC).
Photo : B747 Cargolux @ Cargolux
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