Fin août, le ministère roumain de la Défense a publié son projet de loi pour l'achat de 32 avions de combat multirôle Lockheed Martin F-35A dans le cadre du programme américain Foreign Military Sales (FMS). Le volume d'investissement est estimé à 6,5 milliards de dollars. Il s'agirait de la plus grande acquisition militaire de la Roumanie depuis 1989 et d'une étape importante pour renforcer les capacités de défense en tant que membre de l'OTAN.
F-35 en démonstration@ USAF
Feu vert des commissions parlementaires
Les commissions parlementaires roumaines de défense ont approuvé, précédemment, à l’unanimité l’achat des 32 avions F-35. La décision a été prise dans le cadre d’un accord conjoint entre la Chambre des députés et les commissions de défense du Sénat.
L’achat devrait se dérouler en deux étapes. Au cours de la première phase, la Roumanie acquerra un premier lot de 32 chasseurs Lockheed Martin F-35A, suffisamment pour équiper deux escadrons. Une deuxième phase verra le pays acquérir un escadron supplémentaire de 16 jets.
Les 6,5 milliards de dollars prévus couvrent également le soutien logistique initial, les services de formation, les simulateurs de vol et les munitions air-air et air-sol.
Signature cet automne
Ces dernières années, la Roumanie a renforcé son infrastructure militaire, y compris les systèmes radar de l'OTAN sur la mer Noire, pour surveiller les tensions régionales, en particulier avec la Russie. L'incertitude politique intérieure avant les élections de 2024 et les tensions en Transnistrie, une région pro-russe de Moldavie, compliquent encore la situation. La Roumanie mise actuellement sur les jets F-16, mais les considère comme une solution à moyen terme, car ils ne sont pas à la hauteur des progrès techniques.
Jusqu'à l'intégration prévue du F-35 d'ici 2030, la Roumanie participe à des programmes de formation internationaux pour remédier à la pénurie de pilotes qualifiés. Le projet de loi prévoit également des incitations financières et des dispositions spécifiques pour soutenir le processus d'approvisionnement. Les coûts de personnel doivent être couverts par le budget existant, tandis que des incitations financières, telles que les primes salariales, doivent lier le personnel spécialisé dans le programme F-35.
Le ministère roumain de la Défense nationale prévoit de signer la lettre d’acceptation (LoA) avec le gouvernement américain pour l’automne. Le ministère de la Défense nationale n’a pas proposé de calendrier pour la commande d’un troisième escadron pour l’instant.
L’intérêt du F-35
La Roumanie avait manifesté un premier intérêt pour le F-35 depuis février 2022, lorsque le président Klaus Iohannis a annoncé dans un discours à Câmpia Turzii que la modernisation de l'armée de l'air roumaine ne s'arrêterait pas avec le F-16, et que le pays envisageait l'achat du F-35″. En réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Roumanie, qui partage une frontière de 650 km avec cette dernière, a relevé ses dépenses de défense à 2,5 % du PIB (produit intérieur brut), contre 2 % auparavant. Jusqu’ici, la Roumanie envisageait une réflexion sur un futur proche avec l’avion de 5e génération sans avoir concrètement pris de décision. Mais avec le communiqué d’hier, le pays est maintenant sur une ligne clairement définie. Les prochaines étapes consisteront en une demande officielle auprès du Département d’État américain. Une fois acceptée, le Parlement roumain devra encore donner son aval en vue de la confirmation de l’achat.
Selon le chef d'état-major de l'Armée de l'Air, Viorel Pană « la Roumanie entend atteindre, à partir de 2030, une capacité de défense aérienne avec des avions de cinquième génération».
Du F-16 au F-35
Après une longue période latente en matière de vieillissement, l’armée de l'air roumaine (RoAF) a débuté une importante modernisation avec l’achat de 49 Lockheed Martin F-16 d’occasions. Soit 17 en provenance du Portugal, qui sont déjà en service, et 32 autres avions à réaction de l'ex-Royal Norwegian Air Force qui seront livrés durant cette année. Ces F-16 permettront à la RoAF de retirer les vieux MiG-21 « Lancer », soit une version améliorée des systèmes d'avionique et d'armes du MiG-21 « Fishbed » développé par Elbit Systems et Aerostar Bacău pour la Roumanie. Il est devenu évident que les F-16 serviront de tremplin en direction du F-35 et permettront d’assurer l’intérim au sein de la RoAF.
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