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Les représailles iraniennes en échecs !

Les représailles iraniennes avec les tirs de 181 missiles balistiques en direction de l’État hébreu resteront comme un moment historique à plus d’un titre. Pour autant, cette attaque n’est de loin pas une réussite, malgré l’emploi de systèmes hypersoniques.

Interception des missiles iraniens @ I24


Violente attaque

L’Iran a lancé un total de 181 missiles balistiques vers Israël mardi soir. Soit une opération bien plus violente que la dernière, qui était constituée de drones et de systèmes de missiles moins rapides. De plus, le tir avait été précédé d’un avertissement.

Cette fois, les missiles employés sont de dernière génération et de type hypersonique en majorité, donc très difficiles à intercepter. Ces derniers ont été notamment tirés depuis des installations souterraines des Gardiens de la Révolution islamique à Shiraz, limitant ainsi la détection prématurée. Il semble également que des missiles balistiques classiques de types Emad et Qadr ont également été tirés.

 

L’usage de tels engins en masse présageait d’un carnage et de destructions importantes, tant civiles que militaires, au sein d’Israël. Le résultat de cette attaque est au final très mitigé, tant mieux. 

 

Les dégâts

Les premières évaluations montrent que plusieurs voitures ont été gravement endommagées près du siège du Mossad. La municipalité de Hod HaSharon a déclaré qu'environ 100 maisons avaient été endommagées par une explosion de missile. 

Au niveau humain, l’attaque a fait cinq blessés côté israélien et un mort à Jericho, un Palestinien (.).

 

Trois bases militaires ont été visées, des images satellites révèlent des dommages à un hangar d'avion à la base aérienne israélienne de Nevatim et quatre sites d'impact ont été identifiés à la base aérienne du sud d'Israël, et des dommages à une route à proximité.

Cinq impacts sur la base de Nevatim dont un hangar @ HuffingtonPost


Il semble bien qu’aucun dommage n’ait été signalé aux avions de combat, aux drones, aux autres avions ou aux infrastructures critiques. Des débris sont visibles autour des structures affectées, y compris une rangée de bâtiments près d'une piste. Les avions étant notamment protégés au sein des abris de guerre en périphérie de la base.


Les missiles hypersoniques difficiles à intercepter

Pour réaliser cette attaque, les Iraniens ont utilisé le missile Fattah 1 hypersonique de portée moyenne. Selon les responsables du programme, il a une portée de 1 400 km et une vitesse de Mach13-15 et il serait capable, grâce à sa grande manœuvrabilité, de contrer tous les systèmes de défense antimissile. Le Fattah est un missile à combustible solide à deux étages, à guidage de précision. Son ogive dispose d'un moteur-fusée ayant une chambre de combustion sphérique équipée d'une tuyère mobile (cardan) qui lui permet de se déplacer dans toutes les directions, le rendant très manœuvrable.

 

Les missiles hypersoniques, dont le vol est supérieur à 5 fois la vitesse du son, se déplacent à des altitudes entre 20 km et 60 km. Ils échappent à la couverture traditionnelle des radars, ce qui rend très difficile leur interception. Le défi à relever tient, d'une part, au développement de capteurs embarqués à bord de satellites, aptes à suivre la totalité de la trajectoire du missile, et, d'autre part, à la mise au point d'un intercepteur pouvant le détruire lors de sa phase de rentrée atmosphérique.

 

Défense sol-air en couche

Bien que cette attaque ait été plus efficace pour pénétrer les défenses aériennes israéliennes que la précédente, indiquant au passage de potentielles améliorations dans les tactiques de l'Iran, l'armée israélienne a réussi à intercepter la plupart des missiles. Seul un, mais un petit nombre d'entre eux ont touché le centre et le sud d'Israël.

Le système de défense aérienne multicouche en place d’Israël a donc réussi à repousser le barrage de missiles iraniens. Il faut y ajouter une aide américaine et britannique limitée. Au fil des décennies, Israël a développé un système sophistiqué capable de détecter les tirs entrants et de ne se déployer que si le projectile se dirige vers un centre de population ou une infrastructure militaire ou civile sensible. De l’avis d’officiers israéliens, le système n’est pas garanti à 100 %, mais lui attribuent le mérite d’avoir empêché de graves dommages et d’innombrables victimes.

Systèmes de défense sol-air @ I24


La réussite de l’interception est due aux trois systèmes de défense aérienne multicouche d’Israël : L’Arrow II & III, ce système développé avec les États-Unis, est conçu pour intercepter les missiles à longue portée, y compris les types de missiles balistiques. Le système Arrow, qui opère en dehors de l’atmosphère, a également été utilisé dans la guerre actuelle pour intercepter des missiles à longue portée lancés par les militants Houthis au Yémen. 

Le David’s Sling (similaire au Patriot) également développé avec les États-Unis est destiné à intercepter des missiles à moyenne portée, comme ceux possédés par le Hezbollah au Liban. Il a été déployé à plusieurs reprises tout au long de la guerre. 

L’Iron Dome est spécialisé dans l’interception de roquettes à courte portée. Il a intercepté des milliers de roquettes depuis son activation au début de la décennie dernière, y compris des milliers d’interceptions pendant la guerre actuelle contre le Hamas et le Hezbollah. Israël affirme que son taux de réussite est supérieur à 90 %.

 

Les enseignements de cette attaque

Cette attaque va intéresser les États-Majors durant des décennies, car elle marque un renouveau en ce qui concerne l’emploi de missile balistique hypersonique à charge conventionnelle et complète également les enseignements du conflit en Ukraine. De plus, l'interception en vol exo-atmosphérique, de missiles marque le début de l'ère du combat spatial. Elle marque aussi une forme de fin de l'invulnérabilité du missile balistique. Mais pour cela, l’exemple israélien montre qu’il faut disposer d’une solide protection sol-air en couche pouvant fonctionner en réseau. Ceci fait encore largement défaut en Europe, par exemple. Les capacités d’engagement en binôme qu’offre le F-35 et le système Patriot sont en soi la bonne solution. Notre pays a fait le bon choix. Encore faut-il compléter ces dispositifs en nombre suffisant et intégrer une coopération active entre voisins.

On ne rappellera jamais assez que la prolifération des missiles balistiques rend chaque parcelle de l’Europe atteignable de n’importe quel point du globe.

 

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