Ce mercredi, les Forces aériennes ont parfaitement mené l’exercice « Alpha Uno » (Autoroute A1) avec l’atterrissage et le décollage de 4 avions de combat Boeing F/A-18 C/D « Hornet ». Retour sur cet important exercice de décentralisation.
Atterrissage puis roulage sur l'A1@ PK
Justification du besoin
Actuellement, les Forces aériennes ne disposent que de trois bases aériennes d’où peuvent décoller des avions de combat : Payerne, Emmen et Meiringen. La concentration de leurs moyens sur un petit nombre de sites les rend d’autant plus vulnérables. Les Forces aériennes recourent donc à des mesures passives, entre autres à la décentralisation, pour réduire ce risque. La décentralisation est la capacité à répartir rapidement les ressources humaines et matérielles à travers tout le pays. Les Forces aériennes doivent pouvoir mener des opérations également depuis des sites décentralisés, voire improvisés. C’est pourquoi, ce 5 juin 2024, lors de l’exercice « Alpha Uno, » elles ont opéré décoller des F/A-18 sur l’autoroute A1 à la hauteur de Payerne.
Outre certains tronçons d’autoroute, déjà aménagés à cet effet du temps de la guerre froide, d’autres sites se prêtent à l’engagement décentralisé d’aéronefs militaires, comme d’anciennes bases aériennes utilisées depuis comme aérodromes civils. À la suite de la dégradation des conditions de sécurité en Europe, notamment avec la guerre en Ukraine, l’armée entend renforcer ses capacités de défense dans tous les espaces d'opérations de manière globale et systématique. Un tel exercice des Forces aériennes suisses n'avait plus été mené depuis 1991.
Tester le dispositif mobile
Une petite partie de la logisitique@ PK
Les Forces Aériennes désirent ainsi tester la capacité à décentraliser leurs moyens de défense aérienne. Alors que les opérations à partir d'autoroutes, par exemple avec des avions de combat Hunter et Tiger, ont été entraînées à plusieurs reprises, les atterrissages sur autoroute avec un F/A-18 Hornet sont une première en Suisse. La Finlande n’a de son côté cessé d’utiliser des portions de route pour mettre en œuvre sa flotte de Hornet. La Finlande contrairement à notre pays dispose de nombreux tronçons utilisables qui ne péjorent pas le trafic routier au quotidien.
L'autoroute n'est pas bien large
Pour ce faire l'armée teste ainsi l'utilisation de ses avions de combat à partir d'un site mobile improvisé. Pour réussir cet exercice, Il s’agissait de travailler avec de nombreux partenaires tant militaires que civils, dont les autorités des communes avoisinantes. La mise en place de déviations routières, de la sécurité autour du site et de ne pas oublier la protection du risque animalier, afin d’éviter un conflit entre des oiseaux et les avions.
Le gros du travail consistait donc dans l’organisation et la mise place d’une logistique certes mobile, mais particulièrement complexe. Et c’est bien là tout l’objectif d’Alpha Uno.
Lors de l’introduction nous avons été briefé par le Lt-Col Rolf Imoberdorf en ce qui concerne le déroulement de l’exercice.
Planification du développement
De son côté, le Brigadier Christian Oppliger remplaçant du commandant des Forces aériennes nous rappelle les points essentiels de la capacité de de développement des Forces aériennes tant du point de vue des nouveautés comme le binôme Patriot & F-35. Afin de pouvoir continuer de remplir sa mission principale, qui est de protéger la Suisse et sa population, l’armée doit renforcer pleinement, résolument et à temps sa capacité de défense dans tous les espaces d’opération (sol, air, cyberespace). La protection de l’espace aérien constitue, dans ce contexte, un élément clé de la capacité de défense.
Au sol @ DDPS
Une belle réussite
Le Brigadier Christian Oppliger confirme en fin de journée que l’ensemble de l’exercice s’est parfaitement déroulé sans incident. Une prouesse, car une telle opération peut très vite devenir critique. Imaginez : il fallait que les « Hornet » d'une envergure de 12,3 mètres atterrissent sur une autoroute d'une largeur de 25 mètres contre 40 pour une piste d'atterrissage prévue à cet effet. Il fallait également que les avions puissent virer à 180° pour repartir. Un test de crevaison de pneu a été effectué avec le changement de ce dernier, l’occasion pour les mécanos de démontrer leur savoir-faire.
Pour Christian Oppliger : « un Hornet est fait pour fonctionner depuis un porte-avions, alors une depuis une autoroute, c’est faisable. »
Pour autant, aux vues de complications engendrées et la perturbation sur le trafic routier un tel exercice ne se refera pas de sitôt. Les Forces aériennes vont privilégier l’utilisation d’anciennes bases aériennes comme Buochs, Mollis et St. Stephan. Des essais ont déjà été réalisés ces dernières années. Pour autant, cet exercice a permis de rafraîchir les fondamentaux tout en espérant ne pas avoir à les mettre en exécution un jour ou l’autre.
Au sol @ PK
Du côté des pilotes
Pour la réussite, les pilotes sélectionnés se sont entraînés en simulateur à poser sur cette portion de piste particulière. Un atterrissage comme un décollage est abordé de la manière que sur un terrain prévu à cet effet. Cependant, des éléments peuvent gêner les pilotes.
Présent sur place, une de mes connaissances, le Div. Retraité Peter Egger qui a effectué ce type d’exercice à l’époque sur Northrop F-5 E « Tiger II » me confirme : La difficulté provient du rétrécissement de la route et des buissons sur les côtés qui provoquent un effet d’optique, dont le pilote n’est pas habitué ».
Décollage @ DDPS
Intégrer l’espace d’action ESPACE
L’info semble être passée inaperçue et pourtant, pour ma part c’est la première fois qu'elle est nominativement citée de manière officielle. A terme, les Forces aériennes disposeront d’une petite composante « Espace ». Nous aurons l’occasion d’en reparler, sachez qu’il s’agit de pouvoir agir dans domaine de la détection de satellites adverses (suivi des positionnement), du brouillage de ceux-ci, du renforcement de la protection en matière de GPS et un accès illimité et d’obtenir un accès satellite « Online » tout temps afin d’aider les prises de décision et réactions.
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